Paradoxes du Métavers

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metaverse paradoxes

Lors des VR Days organisés en décembre dernier à Rotterdam, nos équipes ont conçu et animé un formidable atelier dédié aux “Paradoxes du Métavers” avec comme objectif pour les participants de mieux s’approprier le concept, sa richesse, ses enjeux et ses potentiels.
Et le Métavers est vraiment plein de paradoxes – comme la Robotique et l’Intelligence Augmentée. Ce triptyque, d’ailleurs, est détonnant ! 

Alors voici les trois principaux paradoxes que je retiens.

Premier paradoxe :
L
e Métavers, une substitution et une augmentation de notre espace

Ouvrons le bal des peurs de la “Grande Substitution Numérique” : 

  • Peur des Robots d’abord, pourtant, voilà qu’on a imaginé pouvoir remplacer ou augmenter nos corps, notre substance, par des machines qui vont en serviteurs loyaux, faire ce que nous ne pouvons pas faire, faire ce que nous ne voulons pas ou plus faire.
  • Peur de l’IA ensuite, et voilà encore qu’on ose pouvoir augmenter, concurrencer et évidemment dépasser notre intelligence, nos esprits, notre essence, par des programmes combinant simplement le 0 et le 1, le Rien et le Tout, pour stocker et accéder à plus de savoirs, pour calculer plus vite, écrire plus vite¹ !
  • Peur du Métavers enfin, et voilà que l’on a imaginé créer de nouveaux lieux, à l’infini, pour pouvoir remplacer notre monde terrestre grippé, comme solidifié, avant qu’il ne soit trop tard et augmenter le monde céleste dans sa course immuable, par des mondes virtuels, synthétiques, conquis d’avance comme une expansion virale programmée.

Je parlais dans un article l’an dernier au côté d’Isabelle Djian de “Révolution Anthropologique” en parlant du Métavers. Plus je prends du recul et plus je me rends compte que c’est le numérique la vraie Révolution. Il transforme progressivement notre monde et la perception que nous en avons. Quand on le regarde de haut et en dézoomant vraiment le temps sur plusieurs générations, les ordinateurs, l’Internet, les robots, l’IA, le Métavers ne sont que les premières manifestations de cette révolution anthropologique que nous conscientisons² !

Une chose est sûre, pour Komodal, le Métavers est un outil non pas de substitution mais de complémentarité, d’augmentation. Il est, après la révolution de la fabrication additive, le chemin vers la 5eme révolution industrielle, celle de la virtualisation.

Affirmons-le, nous n’allons pas vivre dans les mondes virtuels le plus clair de notre temps… ou alors, c’est que nous aurons totalement raté notre mission d’accompagner les entreprises et leurs collaborateurs de façon harmonieuse vers les univers synthétiques en lien avec notre monde physique et au service de l’humain !

Deuxième paradoxe :
Un Métavers sans frontières… et des territoires souverains

L’on rêve depuis l’arrivée d’Internet – et celle du Métavers – de voir ces technologies :

  • au mieux comme un Bien Commun, accessible à tous, gratuit, aussi important que l’air qu’on respire – personne ne le maîtrise, ni ne le vend, cet air…
  • au pire comme une Infrastructure Publique, normée, organisée, tarifée, à l’instar d’un réseau autoroutier³.

Le pire du pire étant de nous retrouver sous le joug d’un monopole ou d’un oligopole privé. Saura-t-on l’éviter quand on voit les sommes investies dans leurs projets de métavers par les grands groupes du numérique ? N’y a-t-il pas en Corée du Sud ou en Chine, à leur façon, une forme de “voie du milieu” organisée par la chose publique, ou bien est-ce en vérité la même chose ? Autres territoires, autres frontières, autres conquêtes…

Et quand on le regarde en terme d’usages, Internet ou Métavers (c’est pareil, ou ce le sera), on le rêve :

  • au mieux comme un espace où les règles sont posées pour garantir l’égalité des uns et des autres, égalité d’usages, de chance, de métiers, d’éducation, d’inclusion, de loisir, etc.
  • au pire comme un espace où “je peux être qui je veux”, y “faire ce que je veux” surtout n’importe quoi, pour affirmer une liberté nouvelle dans ces territoires nouvellement conquis.

Alors liberté ou égalité ? Et pourquoi pas les deux ? Dans un juste dosage, efficacement équilibré et garanti par un usage respectueux, bienveillant, en confiance. N’est-ce pas là ce qui a prévalu à la création de notre devise nationale et son inscription sur les frontispices de nos édifices publics “Liberté, Egalité, Fraternité”… N’est-ce pas cela qui permettrait de résoudre le paradoxe, attendu une nouvelle fois, entre liberté et égalité ?

Troisième paradoxe :
Le Métavers est un et multiple à la fois

Dans le “règne” du numérique, un “phylum” particulier se détache autour de la réalité virtuelle. Il s’éclate lui-même en un éventail de possibles : les tentatives multiples et actuelles autour des technologies immersives et sociales, des mondes virtuels, génératifs ou sur mesure, liés à la blockchain ou non, ouverts ou privatifs, etc.

Nous avons chez Komodal, plus d’une centaine de critères pour évaluer les quelques 200 branches récentes de métavers…

Vous l’avez bien compris, Métavers est la contraction de méta et univers. En l’état de nos connaissances scientifiques, notre Univers est unique, Un.
Même si certains parlent d’univers parallèles, ou de multivers, l’emploi de “univers” au pluriel ne se réfère pas à notre Cosmos mais plutôt à des métaphores plus ou moins ontologiques.

Dès lors le Métavers, méta-univers, sorte de super Univers au-delà du nôtre, devrait aussi être unique… Et bien non ! Dans la contraction, UNI a disparu… Dans son inflation synthétique, l’Univers physique que nous fréquentons depuis la nuit des temps, se pare virtuellement de multiples métavers…

Pas facile n’est-ce pas de se revendiquer expert dans un domaine qui est à peine émergent, encore en mouvement rapide et fruit d’une mutation génétique motivée par notre envie irrépressible de créer de nouveaux espaces. Peut-être parce que nous sommes trop pour être supportables par notre monde physique ?

Heureusement, notre équipe est tombée dans la marmite des mondes virtuels depuis cinq années déjà et nous les connaissons par cœur, dans leur diversité, leurs évolutions, leurs manques et leurs promesses, leur temps aussi…

Nous, nous appelons Métavers ce phylum de la réalité virtuelle quand elle sera pleinement dans l’Internet, quand les éditeurs seront reliés et leurs mondes interopérables, quand nos avatars se promèneront de monde en monde… D’autres appellent métavers un monde, ou un ensemble de mondes, confondant parfois le Web 3D, le Web3, oubliant parfois même la 3D ou l’interaction entre les avatars…

Bref, nul ne sait ce que ce sera demain !
Laissons faire, d’ailleurs, l’évolution et les auteurs de science-fiction… Et acceptons humblement qu’il puisse y avoir de multiples définitions, à la manière de l’éventail dont je parlais plus haut, mais que, paradoxalement, elles convergent ces définitions vers un seul et même concept…

¹ “Promis ce texte, c’est moi qui l’ai écrit, pas Chat GPT…”

²  “Nous ne savons pas et probablement ne le saurons nous jamais, si l’homme de néanderthal a eu l’occasion de conscientiser l’arrivée de la vague sapientiale, mais…”

³ “Vieille réminiscence des fameuses “autouroutes de l’information” qui deviennent avec le Métavers une sorte d’éther virtuel intersidéral…”

rédigé par Laurent Chrétien

​​Immergé depuis 2012 dans l'écosystème mondial de la Réalité Virtuelle et Réalité Augmentée, Laurent est un spécialiste des nouveaux usages des technologies immersives. Directeur pendant 10 ans de l’association Laval Virtual, qui produit chaque année le premier salon européen dédié à la VR/AR, il a quitté sa direction pour lancer komodal : une entreprise de services et conseils, experte des mondes virtuels et du métavers. Laurent est ingénieur Polytechnicien, Ponts & Chaussées et Escuela de Caminos Canales y Puertos.

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