L’effet Proteus : quand nos avatars redéfinissent notre comportement

Décryptage cognitif

La première image venant à l’esprit quand on parle du “métavers”, c’est souvent celle d’un avatar. Pour certains, il s’agit d’une figure réaliste avec des jambes, tandis que pour d’autres, c’est un buste au style plus cartoonesque. Et ce n’est pas pour rien : les avatars ne sont pas perçus comme de simples représentations visuelles, mais comme des extensions de notre identité.

Comme exploré dans un entretien avec le Docteur et Enseignant-Chercheur à l’institut des Arts & Métiers, Geoffrey Gorisse : les avatars jouent un rôle crucial dans notre manière de communiquer et de collaborer en ligne.

Définition

Si le nom de l’effet sonne aussi familier, c’est qu’il tient son nom de la divinité Protée. Cette dernière, en plus du don de divination, a hérité du pouvoir de se métamorphoser. Vous voyez le lien venir ? 

En 2007, Nick Yee et Jeremy Bailenson  publient une étude pour l’université Stanford : The Effect of Transformed Self-Representation on Behaviour. Les auteurs décrivent notamment comment le comportement des utilisateurs varie en fonction des caractéristiques de leurs avatars..  

Pourquoi Stanford étudie les avatars en 2007 ? Parce qu’Il ne s’agit pas seulement d’un phénomène technologique, mais d’un témoignage de la fluidité de nos identités : les avatars que nous créons ou choisissons dans le domaine virtuel se répercutent subtilement (et parfois profondément) sur nos comportements, actions et perceptions du monde réel. 

Et concrètement ?

En suivant le raisonnement de cette étude,  l’avatar peut alors devenir un véritable vecteur et ainsi conditionner les utilisateurs à un objectif précis : de créativité, de production, de conception entre autres… C’est notamment le cas d’études qui ont pu démontrer que : 

  • Une étude réalisée par le centre INRIA Rennes et l’Institut Arts et Métiers de Laval a révélé que les participants adoptant l’apparence de Léonard de Vinci ont excédé en créativité divergente (la capacité de générer un grand nombre d’idées), mais ont moins bien réussi en créativité convergente (la capacité de trouver une solution précise à un problème). Ces résultats mettent en lumière des effets étonnamment contrastés, rarement observés. 

  • Une personne utilisant un avatar plus grand se montrera plus assertive et refusera plus souvent des offres injustes comparée à une personne utilisant un avatar plus petit (Yee et Bailenson, 2007). Cela suggère que le fait d’incarner un avatar de grande taille peut renforcer la confiance en soi et la prise de décisions.

Pour aller plus loin 

Parce que parfois pour comprendre un principe, il est plus simple de l’entendre, voici une vidéo du psychologue clinicien, chercheur en cyberpsychologie et créateur de contenu (entre autres !) @PsyConnexion qui présente l’effet Proteus. 

Reflexion personnelle et conclusion

Toujours prendre en compte l’avatar lors de la conception de l’expérience utilisateur ! 

Il est difficile de créer l’avatar parfait (à moins de le développer sur mesure), car les plateformes ont bien souvent leurs propres directions artistiques. On peut cependant constater que la fonctionnalité permet de générer un avatar avec une simple photo. Signe d’une demande, suite à une frustration lors d’une personnalisation trop longue, ou d’un manque de temps. 

L’utilisateur, cherche à être reconnu et à reconnaître ses interlocuteurs.  

Autre fonctionnalité qui permet encore moins de friction et un plus grand engagement vis-à -vis de son propre avatar ? L’interopérabilité de certaines plateformes avec les avatars Ready Player Me. La possibilité de pouvoir s’immerger dans plusieurs environnements permet de multiplier les ressentis et d’accroître ce fameux Proteus.. Mais ce sujet, on le verra lors d’un prochain focus ! 

rédigé par Amandine Rabu

Avec un master en stratégies de communication et plus de deux ans d’expérience comme cheffe de projet, j'ai contribué au succès des événements de nos clients. Aujourd’hui, en tant que responsable des communications, je m’attelle à rendre le métavers accessible à tous en vulgarisant ses usages et son potentiel. Passionnée par l’analyse des innovations en communication, qu’elles soient immersives ou non, je m’intéresse particulièrement à leur impact sur notre quotidien. Et pour équilibrer tout ça, je m’adonne à la pâtisserie – mes cookies, paraît-il, sont inégalés !

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