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Comment la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle vont révolutionner le WEB ?

Technologies

La première image venant à l’esprit quand on parle du “métavers”, c’est souvent celle d’un avatar. Pour certains, il s’agit d’une figure réaliste avec des jambes, tandis que pour d’autres, c’est un buste au style plus cartoonesque. Et ce n’est pas pour rien : les avatars ne sont pas perçus comme de simples représentations visuelles, mais comme des extensions de notre identité.

Comme exploré dans un entretien avec le Docteur et Enseignant-Chercheur à l’institut des Arts & Métiers, Geoffrey Gorisse : les avatars jouent un rôle crucial dans notre manière de communiquer et de collaborer en ligne.

Allons-y, voici la réponse immédiate et le reste de l’article expliquera pourquoi elle est légitime.

La réalité virtuelle et l’intelligence artificielle vont faire évoluer le Web d’une expérience en 2D où on lit, écrit, partage de l’information, souvent de façon asynchrone, à une expérience en 3D où on se déplace et interagit en temps réel dans le Web.

Pour expliquer cela, on va étudier trois grands domaines :

    • Le premier domaine à comprendre est celui de l’ensemble des technologies qui progressent en permettant l’évolution d’un Web 2D à un Web 3D
    • Le deuxième domaine est celui de la rencontre et des effets d’accélération que cette rencontre entre l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle permet d’anticiper
    • Le troisième domaine sera de comprendre les usages imaginables en l’état de nos connaissances et peut-être de réfléchir en conclusion aux enjeux sémantiques (on s’y perd un peu, non ?)

1. Des technologies qui se développent et avec lesquelles tout (ou presque) sera possible

Évidemment quand on parle d’intelligence artificielle et de réalité virtuelle, on parle de technologies relativement éloignées l’une de l’autre. Pourtant, elles partagent un socle commun de technologies support ou sous-jacente. Et plus ces technologies se développeront, plus l’IA et la réalité virtuelle seront utiles au Web de demain.

  • On peut commencer par les infrastructures de Cloud Computing dont la puissance est nécessaire au fonctionnement de ces technologies dans le Web.
  • Les techniques de rendu graphique sont cruciales pour créer des mondes virtuels immersifs et surtout pour visualiser certaines simulations d’IA dans ces environnements virtuels, le tout évidemment, en temps réel.
  • La 5G, la fibre optique et toutes autres technologies permettant d’accélérer les réseaux et donc d’accélérer les transmissions via Internet sont essentielles pour transmettre toutes les données de nos deux technologies : l’IA et les mondes virtuels en temps réel.
  • Autre technologie clé, le traitement du langage naturel qui est à coup sûr essentiel pour la communication entre les utilisateurs dans le Métavers, quel que soit leur pays d’origine mais aussi pour de nombreuses applications de l’intelligence artificielle.

À partir de ces technologies, on peut identifier quelques freins qui vont se résoudre au fur et à mesure et à coup sûr des freins comme la scalabilité de ces technologies, ou comment réunir de grande quantité d’utilisateurs en simultané. Ce qui suppose d’ailleurs au préalable que l’interopérabilité existe entre ces environnements virtuels sur le Web, or aujourd’hui on manque de norme commune.

D’autres considérations sont importantes comme le coût énergétique de ces grandes infrastructures nécessaires pour soutenir à la fois l’IA et le Métavers et qui peut avoir un impact environnemental important. Tout comme la question de la sécurité et de la confidentialité des données : restera-t-on sur le même modèle que celui des médias sociaux ou bien profitera-t-on de cette mutation pour changer le mode de fonctionnement du Web et redonner du pouvoir – et de la valeur – à l’utilisateur. C’est une question de la plus haute importance !

2. L’avènement du Web Expérientiel ?

La rencontre entre le Métavers et l’intelligence artificielle va avoir des effets potentiellement considérables sur l’expérience que l’on vivra en se connectant au Web de demain.

Grâce à l’IA, les avatars et les environnements vont pouvoir réagir de manière beaucoup plus réaliste aux actions des utilisateurs et cela va conduire à une expérience plus immersive et plus convaincante. Peut-être encore plus important, cette capacité que va avoir l’IA de permettre aux environnements virtuels de changer et d’évoluer en fonction des envies ou des interactions des utilisateurs rendant ainsi le monde virtuel beaucoup plus dynamique.

L’un des défauts du Métavers aujourd’hui est la pauvreté du rendu du langage non verbal, du rendu des émotions. Et bien l’intelligence artificielle va à coup sûr l’améliorer en permettant des interactions sociales plus sophistiquées en améliorant les expressions faciales réalistes et des mouvements du corps adaptés à la communication non verbale. On peut imaginer – mais est-ce souhaitable ? – qu’un métavers alimenté par de l’intelligence artificielle puisse s’adapter presque en continu aux préférences et aux besoins de ses utilisateurs, offrant ainsi une expérience totalement personnalisée. C’est à la fois une extraordinaire opportunité mais en même temps un risque énorme d’augmentation de la dépendance que les médias sociaux ont créée chez leurs utilisateurs.

Il est évident que la création de contenu assistée par l’intelligence artificielle dans ces environnements virtuels, connectés entre eux, va permettre de créer beaucoup plus de richesse et de variété par de la création de contenu, des scénarios, des événements… Bref d’augmenter le dynamisme de ces mondes virtuels.

C’est sans doute le point le plus essentiel. À l’instar des chatbots dotés d’intelligence artificielle qui fleurissent sur les sites Web d’aujourd’hui, il est fort à parier que des agents intelligents, eux aussi dotés d’intelligence artificielle vont fleurir dans le monde virtuel pour remplir telle ou telle fonction, peupler le métavers et offrir de nouvelles interactions.

L’IA va pouvoir intégrer en temps réel des informations du monde réel de façon totalement naturelle comme par exemple pour la météo ou des données économiques et créer ainsi une sorte de passerelle tant attendue entre le monde tangible et le monde virtuel.

3. Va-t-on aller vers une grande convergence des usages dans ce nouveau Web ?

Les enjeux de sémantique sont toujours importants pour bien comprendre de quoi on parle !

S’il est vrai que l’on se perd un peu entre les différentes formes d’intelligences artificielles, on se perd beaucoup avec tous les qualificatifs qui sont utilisés pour signifier ce Web 3D. Chaque terme a son sens et son histoire et on va essayer d’en faire une synthèse la plus authentique possible.

    • On peut commencer bien sûr par le terme « Métavers », dont l’avènement récent (et peut-être la fin) est né de la très médiatique transformation de Facebook en Méta et des milliards de dollars investis dans son marketing. Ce Métavers-là vise à la création de l’Oasis de Ernest Cline dans Ready Player One, un Métavers hégémonique asservissant les utilisateurs aux intérêts d’un seul. Ce Métavers-là n’est pas souhaitable.

    • Poursuivons par les plus discrets « mondes virtuels » : beaucoup les nomment métavers avec un “m” minuscule. Ce sont des environnements virtuels 3D temps réel où l’on est effectivement incarné dans un avatar. Il existe aujourd’hui plus de 200 éditeurs de ces mondes virtuels qui, on peut le souhaiter, resteront les plus nombreux possible au moment de l’interopérabilité et de l’avènement du Métavers dans le Web. Ces mondes virtuels ne sont pas à proprement parler des “mondes” mais plutôt des environnements plus ou moins grands, plus ou moins évolutifs, plus ou moins interactifs. Ce sont des lieux, certes virtuels, mais des lieux quand même pour rassembler des gens qui sont distants.
    • On parle également de jumeaux numériques où se confondent encore plusieurs concepts : le jumeau numérique d’une œuvre d’art, d’une sculpture, d’une personne, d’une usine, d’un bâtiment. Bref, se cache derrière ce concept de jumeaux numériques une notion d’hyperréalisme. C’est le jumeau numérique de l’objet réel, et son esthétique, ses interactions vont être les plus proches possible de la réalité. C’est aussi le champ où appliqué au secteur industriel, l’IoT va apporter de la valeur pour faire en sorte que l’usine virtuelle fonctionne comme l’usine réelle, qu’on puisse la monitorer, détecter et anticiper les pannes, la présenter à des clients à des prospects. C’est là où la blockchain et les NFT en particulier vont pouvoir apporter une nouvelle source de valeur aux objets virtuels qu’ils soient œuvres d’art, musées ou patrimoine bâti…

Non, on n’a pas oublié les “anciens de la VR” : on peut aussi « simplement » parler de réalité virtuelle collaborative. Et c’est ainsi que se conçoivent les voitures, les avions, les bateaux depuis des années. La VR au départ conçue pour faciliter le prototypage, faire des simulations moins coûteuses, permet depuis déjà de nombreuses années de concevoir collaborativement avec des ingénieurs, des designers, des industriels, tous distants les uns des autres mais réunis autour d’un même modèle en 3D dans un masque de réalité virtuelle ou dans un “cave”.

Alors oui, il est très probable que tout cela converge progressivement pour une évolution drastique – mais nécessaire – du Web actuel.

Interconnectées grâce aux technologies de l’Internet et aux réseaux, ces technologies du virtuel, que l’on peut encore appeler même si ça ne recoupe pas tous les usages Technologies Immersives et Sociales – les TIS pour les intimes – couplées à l’Intelligence Artificielle vont non seulement transformer notre pratique du Web mais aussi sans doute transformer la dialectique des réalités réelle et virtuelle, que tout un chacun a plutôt tendance à opposer, alors qu’elles se complètent, s’augmentent, et s’interpénètrent dans une co-modalité des usages qui explique d’ailleurs pourquoi on s’appelle komodal 😉

rédigé par Laurent Chrétien

​​Immergé depuis 2012 dans l'écosystème mondial de la Réalité Virtuelle et Réalité Augmentée, Laurent est un spécialiste des nouveaux usages des technologies immersives. Directeur pendant 10 ans de l’association Laval Virtual, qui produit chaque année le premier salon européen dédié à la VR/AR, il a quitté sa direction pour lancer komodal : une entreprise de services et conseils, experte des mondes virtuels et du métavers. Laurent est ingénieur Polytechnicien, Ponts & Chaussées et Escuela de Caminos Canales y Puertos.

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